Au fond des bois, derrière l'auberge de Dart, Salis travaillait sur l'ancienne forge du célèbre nain Gatis. D'un pas maladroit, il alternait entre la forge flamboyante et le baril remplit d'une eau qui avait maintenant pris une teinte métallique. Il tenait dans ses mains, des mains qui tremblaient, une épée qu'un guerrier lui avait commander.
- Ach, j'ai hâte que ça finisse, botard, j'ai lgosier sec comme des oreille d'elfs !
Pourtant, son gosier avait déjà été bien plus qu'abreuver en début de soirée. Plus d'une bouteille d'alcool nain était passée par sa gorge et un peu partout sur ses vêtements. Mais sa réserve était bientôt à sec et il avait besoin d'écus. Il avait donc entreprit une commande urgente, même s'il avait déjà commencé à s’enivrer, pour une épée qui bénéficierait de la magie de glace, comme il l'avait déjà fait précédemment. D'ailleurs, quelle tâche ridiculement facile que d'infuser des gemmes de magie arcane dans une lame d'acier ? Ce n'était rien pour un forgeron de sa renommée !
Et voilà, un dernier ti coup pi j'vais aller la porter à l'idiot d'humain. Ptêtre qu'il pourra couper une couple d'elfes en même temps.
Sur ces mots, il envoya, d'un geste précis et dur, la tête de son marteau sur la gemme qu'il venait de fixer dans la lame. Un geste puissant, trop fort, trop direct. Au moment où le fer de l'outil atteignit la pierre précieuse, une craque apparu dans le défilé du joyau, s'élargissant rapidement. Au moment où il allait replonger la lame une dernière fois dans les eaux de refroidissement, elle explosa. Toute la magie contenue se libéra d'un coup, emprisonnant Salis dans une épaisse couche de glace.
Sa respiration coupée, Salis tomba par terre, commençant à réaliser sa situation dans un nuage de panique enivrée. Sentant la couverture de givre sur son visage, il reprit son marteau et tenta de la craqueler avec de grands coups dans le visage. Mais c'était de la glace d'arcane, pure et puissante. Elle était sensée enchanter une lame de guerrier indéfiniment !
Succombant peu à peu à asphyxie, il sombra dans des rêves plus grandioses et plus fous qu'aucunes cuites ne lui avait jamais fait connaitre. Et s'en était fini du grand forgeron Salis.
Quelques semaines plus tard, la glace ayant fini par succomber à la chaleur encore présente de l'automne, il fut retrouvé par deux marchands humains. Sans traces de ce qui l'avait tué, mis à part un teint bleuté, ils ne comprirent rien de ce qui lui était arrivé. Mais cela ne les empêcha pas de le soulager des ingrédients de valeur qui étaient encore intacts sur lui.